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30 juin 2019

Interview de Philipp Bohnen, premier violon du Varian Fry Quartett. 
Le Varian Fry Quartett est invité par a SWF à se produire à Paris le 19 octobre prochain pour le cinquantenaire de l’association.

1- Philipp Bohnen, vous êtes violoniste au Philharmonique de Berlin, et les autres membres du Quatuor appartiennent aussi à cet orchestre. Une question vient immédiatement à l’esprit : le nom de Furtwängler représente-t-il encore quelque chose pour un Berliner d’aujourd’hui ?
Oui, bien sûr, il représente quelque-chose. Wilhelm Furtwängler est toujours présent dans la mémoire de l’Orchestre, comme l’est Herbert von Karajan, y compris pour la plus jeune génération de musiciens. Au tout début du mois de juin, nous avons joué avec Daniel Barenboim, qui nous a beaucoup parlé de Furtwängler : comment il avait joué pour lui, comment Furtwängler l’avait invité à venir assister à ses répétitions et apprendre de lui. Furtwängler fit une profonde impression sur le maestro Barenboim, qui est un invité très régulier de l’Orchestre et son premier chef honoraire. Et, comme il le dit, il a toujours à l’esprit et dans l’oreille les interprétations de Furtwängler. Et ainsi, au travers du maestro Barenboim, qui bien entendu apporte aussi beaucoup de lui-même, nous pouvons entendre la « musique » de Furtwängler encore aujourd’hui.

2- Est-ce facile de concilier vos fonctions au sein d’un tel orchestre et votre travail au sein du Quatuor ?
Pour nous autres musiciens du Philharmonique de Berlin, jouer dans l’orchestre passe bien entendu en premier, et aussi le faire au meilleur niveau possible. Mais un bon nombre de nos collègues font de la musique de chambre dans différentes formations. En tant que quatuor, nous pensons qu’il y a un apport de l’un à l’autre.
Nous sommes très inspirés par les couleurs que font ressortir, par exemple, nos collègues des vents dans leurs solos ; et, également, la puissance de la section des cordes telle que nous l’avons dans notre orchestre est quelque chose que tous les quatuors ne connaissent pas comme environnement musical. Ce que l’on en retire est étonnant !
Mais inversement nous sentons combien le jeu en quatuor nous apporte dans l’orchestre. Quand nous travaillons notre répertoire en quatuor, nous avons généralement plus de temps pour travailler les petits détails. Nous prenons le temps de devenir « un » instrument, et ces expériences musicales sont précieuses et enrichissantes.

3- Sauf erreur, c’est la première fois que vous vous produisez en France. Est-ce que cela a une signification particulière pour vous ?
Oui, c’est exact, nous allons nous produire pour la première fois en France et on a vraiment hâte. Nos concerts avec le Philharmonique de Berlin nous ont appris comme ce peut être fantastique de jouer pour un public français. Je sens toujours que les gens écoutent les oreilles plus grandes ouvertes, et ouvertes aux nouvelles idées. En même temps, vous ressentez l’atmosphère chaleureuse dans les salles.
Et jouer à Paris, l’une des capitales culturelles de l’Europe et du monde, c’est réaliser un rêve. Et aussi à cause de notre nom : Varian Fry.

4- Plus généralement, sur quel répertoire travaillez-vous ? et la musique de notre temps entre-t-elle dans vos préoccupations ?
Le répertoire pour quatuor est si étonnamment riche que nous ne voulons pas nous spécialiser dans quelque chose de particulier ni exclure complètement quelque chose.
Nous essayons de bâtir des programmes qui ont un sens. Généralement nous aimons mélanger des répertoires de différentes époques. La musique de compositeurs contemporains peut être très bonne, stimulante et excitante. Nous n’avons pas eu tant de compositeurs contemporains que cela dans nos programmes de concert, mais c’est quelque chose qui certainement va se produire dans l’avenir.

5- Je ne suis pas sûr que le nom de Varian Fry soit très connu en Allemagne, mais il ne l’est pas plus en France. Vous pouvez nous en dire un peu plus ?
Varian Fry était un journaliste américain qui a aidé plus de 2000 personnes à fuir le régime nazi durant la Seconde Guerre. Il était basé à Marseille et a mis sur pied tout un réseau d’aides. Il a sauvé des artistes, des écrivains, des compositeurs, comme Hannah Arendt, Lion Feuchtwanger, Klaus Mann, Franz Werfel, Marc Chagall et Bohuslav Martinu… et bien sûr beaucoup d’autres.
La ville de Berlin a donné son nom à une rue, et c’est comme ça qu’on l’a découvert, parce que cette rue est située juste à côté de la Philharmonie. Pour nous, ce nom revêt une importance double : nous honorons un homme qui a été à ce point courageux qu’il a risqué sa vie pour sauver celle des autres, et la Varian Fry Strasse est tout à côté de la Philharmonie de Berlin, notre « chez nous » musical.
Nous ressentirions un grand honneur si de porter le nom de Varian Fry aidait quelque peu à ne pas l’oublier, et peut-être à ce que des personnes apprennent à le connaître et à s’inspirer de son courage.

(Propos recueillis et traduits par Stéphane Topakian)

25 juin 2019

(Sibelius + Beethoven) – (Schubert + Ravel + Wagner) = Pfitzner

Nous avions déjà signalé les changements de programme, qui parsèment d’un joyeux désordre les listes de concerts de Furtwängler. En voici un qui bouleverse presque totalement une affiche.

Pour son concert de mars 1944 à la tête du Philharmonique de Vienne, l’avant-programme du début de saison annonce : Sibelius, Suite Karelia – Pfitzner Symphonie op. 46 – Beethoven Symphonie n° 7.

Les abonnés — heureux ou frustrés ? — auront droit à : Schubert Symphonie n° 8 – Pfitzner Symphonie op. 46 – Ravel Daphnis & Chloé (suite n° 2) – Wagner Ouverture de Tannhäuser.

Les amateurs de Pfitzner ont dit ouf !

20 juin 2019

Certains de nos adhérents ont l’oreille fine. Ainsi ont-t-ils repéré que l’Ouverture d’Alceste, de Gluck, inscrite au menu du coffret Berlin/archives 1939-1945 édité par les Berliner, ressemblait beaucoup, mais vraiment beaucoup, à la même ouverture, enregistrée par Telefunken en studio (29 octobre 1942), à l’issue de concerts (25 au 28 octobre). Le label la présente pourtant bien comme provenant du concert lui-même, avec le Concerto pour violoncelle de Schumann et la 5e de Bruckner.

Bien des éléments leur donnent raison :
– l’acoustique n’est pas la même : Singakademie pour le disque, Philharmonie pour le concert,
– le support est caractéristique du disque 78t : une petite friture persistante et non de la bande magnétique,
– le public est d’un coup bien silencieux,
– les minutages sont strictement identiques et quelques petits bruits sont à la même place…

Il est évident que l’éditeur a introduit un élément étranger au programme : un disque commercial au milieu de lives, pour « boucher le trou », la bande de l’Alceste n’ayant pas survécu !

En soi, ce n’est pas si dramatique ; mais il eut été correct de le mentionner et de s’en expliquer.

Comme toujours la SWF se montre soucieuse de l’exactitude des données. Avec nos remerciements à Roger Smithson, Philippe Jacquard et quelques autres, pour la pertinence de leurs observations.

14 juin 2019

Dans la galerie de portraits de personnes ayant joué avec Furtwängler, voici, en cet hiver 1941, un nouveau venu, le violoniste prodige Gerhard Taschner — même pas vingt ans ! — promu Konzertmeister du Philharmonique de Berlin, à côté d’Erich Röhn.

Furtwängler lui octroie, pour sa première apparition avec lui, la “vedette américaine”, entre un Reger et un Dvorak. Cela marque le point de départ d’une reconnaissance dans le paysage du violon, à cette époque, mais aussi pour les temps à venir.

Nous présentons le facsimilé de ce programme du 30 novembre 1941, accessible également depuis le concert.

8 juin 2019

Décidément, le coffret Philharmonique de Berlin/archives de la guerre suscite des commentaires. Après la presse écrite, c’est la radio qui s’en fait l’écho.

Signalons notamment une émission spéciale qui lui est consacrée par la station « Deutschlandfunk Kultur » le dimanche 9 juin à 15h05. L’invité n’est autre qu’Helge Grünewald, le président de notre sœur d’outre-Rhin, la « Furtwängler Gesellschaft ».

5 juin 2019

Il y aura un jour un article à écrire sur Furtwängler et l’automobile. Il y vint relativement tard, au début des années 30, après des leçons de conduite dispensées notamment par Gilbert Back, violoniste des Berliner.

En tout cas, sa première voiture fut digne de sa notoriété : un cabriolet Horch — marque encore plus sélecte que Mercedes — modèle 830, équipé d’un V8 de 3 litres et carrossé par Gläser de Dresde, comme celui ci-dessous.

Il ne la garda pas longtemps. Ramenant Richard Strauss après une répétition (Elektra ?), et en pleine discussion, il en oublia la circulation, se mélangea les pédales et termina sa course dans une belle voiture en stationnement, qui se révéla être celle du… Kronprinz ! Strauss ne remit plus jamais les pieds dans un véhicule conduit par Furwängler, lequel afficha par la suite des prétentions plus modestes : DKW et même une “Cocinnelle”…

Et merci à Klaus Kramer, du Horch Club, Zwickau