Concerts de Berlin des 9 au 12 janvier 1944

Ce programme fait partie d'une série, acquise par la SWF, de huit fascicules intéressant les saisons 1940/41 à 1943/44 de la Philharmonie de Berlin. Quelques précisions avant d'ouvrir chacun d'eux. On est en période de guerre et donc de restrictions, mais on reste étonné de la qualité des documents : couverture cartonnée, impression deux couleurs en couverture, présence d’au moins une photographie, analyse des œuvres... Et aucune référence au régime en place : on se croirait dans une monde sans croix gammée... Enfin, certains programmes comportent une rubrique « nouvelles des Philharmoniker », ou des annonces de programmes, qui nous permettent de suivre la vie de cet orchestre. On notera que le concert est donné trois, voire quatre, fois, ce qui totalise plus de cinq mille auditeurs !


L’on sait tout ce que représentent ces concerts pour les amateurs de Furtwängler : l’ultime série dirigée par lui à l’ancienne Philharmonie, 22 Bernburger-Strasse, dans le quartier de Steglitz, trois semaines avant d’être ravagée par une bombe incendiaire. Cela faisait plus de 60 ans que l’orchestre y avait établi ses pénates, alors que la salle n’était encore qu’un vaste hall abritant une piste de patinage à roulettes… Après la destruction de ce bâtiment, dans la nuit du 30 au 31 janvier 1944, il faudra attendre près de vingt ans pour qu’un nouveau puisse porter le nom de Philharmonie.

Le programme n’a rien d’original, si ce n’est que le Concerto pour violon de Beethoven est confié à l’un des Konzertmeister, Erich Röhn, qui le joue avec une rare sensibilité. Certes, il était arrivé que Furtwängler associe l’un de ses solistes à un concerto, mais il faut y voir aussi la nécessité de palier le désengagement des quelques grands solistes allemands ou alliés encore en activité, mais inquiets des bombardements de plus en plus nombreux sur la capitale.

Ce concert, enregistré, nous vaut aussi la seule possibilité d’entendre sous la baguette de Furtwängler l’une des grandes « machines » straussiennes. Il n’y abondait pas si souvent, sans doute moins attaché que d’autres chefs à ces partitions dont la luxuriance masque parfois une relative indigence, en matière harmonique notamment. Son mentor, Walter Riezler, entrant un jour dans sa loge après une exécution de Heldenleben, trouva Furtwängler hilare, et lui lançant : « Quelle camelote ! ».

On notera l’effet de probables restrictions : il n’y a plus de couverture cartonnée au programme… Mais on aura aussi à l’esprit qu’une simple multiplication des quatre dates de concert par le nombre de place de la Philharmonie donne plus de huit mille auditeurs ! Les autres concerts de la série d’abonnement confiés à Karl Böhm, Oswald Kabasta ou Volkmar Andreae n’étaient prévus — car certains furent annulés — que pour deux soirées…

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