Concert à Vienne du 19 décembre 1948
Un concert un peu déroutant. Certes, la 4e Symphonie de Brahms occupe toute la deuxième partie du concert. Nous n’y reviendons pas. Mais en première partie Furtwängler a inscrit deux pages qui ne n’appartiennent pas à son répertoire courant.
D’abord la Rhapsodie nordique de l’autrichien Josef Marx (1882-1964), ou plutôt la Rhapsodie symphonique, constituant le 1er mouvement de l’ouvrage entier, composé en 1929 (et chez Universal à Vienne), et trouvant sa source d’inspiration dans le Pêcheurs d’Islande de Pierre Loti. Marx a expressément autorisé cette exécution partielle. Notons que Furtwängler semble avoir eu assez peu d’atomes crochus avec cet adepte d’un orchestre copieux et de discours fleuves. Auparavant, il n’avait dirigé que le Concerto « romantique » avec Gieseking comme soliste. Il n’empêche : il adressera à son aîné un petit mot fort chaleureux (ci-dessous) à l’occasion de ses 70 ans !
Après ces neuf minutes d’introduction, voici en première à la Philharmonie le Concerto pour hautbois de Richard Strauss, l’une de ses pages tardives, de ce que l’on nomme son « été indien ». La partition, composée à l’automne 1945, et créée en 1946, est ici interprétée par celui qui fut longtemps le hautboïste solo des Philharmoniker, Hans Kamesch (1901-1975). On notera que Furtwängler se montra parfaitement à l’aise avec ce dernier Strauss : les Métamorphoses, les Quatre derniers Lieder… Quelle opposition entre la partition post-romantique, quelque peu bavarde et emportée de Marx et le concerto de Strauss à la clarté toute mozartienne et d’une finesse rare !
Mais une autre partie du fascicule attire aussi notre attention : en page 2 le « Vorstand » de l’Orchestre annonce pour le concert suivant la création, sous la baguette de l’éminent chef suisse Volkmar Andreae, du Symphonisches Praeludium attribué Bruckner, partition récemment découverte. Cette création n’aura pas lieu là : le « brucknerologue » Leopold Nowak fit part de ses doutes, et d’autres avec lui. Certes l’œuvre sera créée, à Munich sous la baguette de Fritz Rieger, mais jamais ne connaîtra d’attribution définitive et certaine à Bruckner. Et cela fait toujours débat...