Concert du 6 décembre 1941 : Le Requiem de Mozart

La commémoration des cent-cinquante ans de la disparition de Mozart, fin novembre–début décembre 1941, fait l’objet, en Allemagne, d’un nombre très élevé de manifestations diverses, qui vont prendre une dimension particulière à Vienne, ville de Mozart par excellence, où une série de concerts et de représentations d’opéras vont s’étaler sur une semaine.

Le Staatsoper, le Philharmonique, le Symphonique, des solistes, mais aussi des groupes de musique de chambre et jusqu’à des ensembles « sur instruments d’époque », sont mobilisés pour faire de cet événement quelque chose d’unique. Les grands musiciens se succèdent au pupitre, à l’archet, au clavier, ou sur scène : Richard Strauss, Hans Knappertsbusch, Karl Böhm, Clemens Krauss, Edwin Fischer, Wilhelm Backhaus, Georg Kulenkampff, toute la troupe de l’opéra, mais aussi celles d'autres théâtres allemands, notamment de Munich, venues prêter main forte… Des personnalités musicales y ont été invitées, arrivant de toute l’Europe, avec le dessein, avoué ou non, qu'elles rendent compte de ces productions dans leurs pays respectifs, alliés ou occupés.

Et Furtwängler ? Il n’apparait qu’une seule fois à l’affiche, mais pour un moment hautement symbolique et particulièrement en vue : le concert de clôture, le jour anniversaire de la disparition de Mozart. Le 5 décembre, à 17 heures, il dirige le Requiem au Musikverein, où, derrière le Philharmonique, ont été rassemblées les forces chorales de la Société des Amis de la Musique (le Singverein) et du Staatsoper, soit près de 350 voix ! Quant aux solistes, ils comptent parmi ce qu’il y a de mieux à l’époque. Notons juste que l’avant-programme annonçait Erna Berger pour la partie de soprano et Peter Anders pour celle de ténor.

Bien entendu la salle est pleine, et le sera aussi le lendemain lors de la reprise du concert — notre programme est celui de concert du 6. Le concert du 5 fut retransmis : des micros en attestent, visibles sur la série de photos prises par Hanns Tschira. Malheureusement, aucun gravure ne subsiste de cette retransmission.

Requiem Mozart 5 12 41

Outre la signature autorisée du texte de présentation, celle du professeur Franz Kosch, l’un des tout premiers spécialistes de la musique liturgique en Autriche, on retiendra la mention figurant au bas du programme, déjà inscrite (un peu différemment) sur les avant-programmes :

Le public est prié de s’abstenir de tout applaudissement à la fin du Requiem.
L’assemblée se lèvera et demeurera ainsi une minute dans un respectueux silence à la mémoire de Mozart.

Furtwängler pas applaudi… c’est bien la première fois.

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