Programme du concert de Berlin du 24 octobre 1948
24 octobre 1948 : cela fait deux jours qu'une résolution a été déposée par les «occidentaux» devant l'ONU pour obtenir la levée du «blocus de Berlin». Les Soviétiques opposent leur véto : ce blocus, qu'ils ont institué le 24 juin, veut obliger les autres forces occupantes à accepter les vues de la Russie sur la totalité de la ville en matière de souveraineté et de monnaie. Les Berlinois — que l'opinion internationale aurait volontiers qualifiés d'anciens nazis voilà peu — deviennent aux yeux du monde entier des victimes de l'oppression stalinienne. Mais les occidentaux ne se sentent pas d'un affrontement armé ; ils décident de permettre à plus de deux millions de personnes tout simplement de survivre, en mettant au point un gigantesque pont aérien : les bombardiers américains et anglais (les avions français sont en Indochine) se succèdent minute après minute pour un ravitaillement en nourriture, charbon, essence et médicaments, qui va s'étaler jusqu'à la fin du blocus, que les Russes sont bien obligés de déclarer en mai 1949.
C'est dans ce contexte que Furtwängler dirige son premier concert berlinois de la saison. Courte saison : si Furtwängler est redevenu l'âme de l'orchestre, il n'en est pas le titulaire — c'est Celibidache —, et sa série ne comporte que quelques prestations à Berlin, mais couronnées par une tournée allemande au printemps 1949.
Le programme lui-même est typique du répertoire de Furtwängler. Les trois trompettistes du Philharmonique sont cités pour la Suite de Bach : Karl Rucht, qui se retira peu de temps après pour entamer une carrière de chef d'orchestre, Herbert Rotzoll, second trompette depuis 1929, et Karl Pfeifer, le benjamin, entré à l'orchestre en 1946.
Le concert est enregistré et a fait l'objet de disques. Notons la très mauvaise qualité du papier de ce programme. Blocus oblige.