Un coup d’œil trop rapide à la couverture de ce programme, et l’on ne lit que « Concertgebouw » en haut et en gros caractère. On regarde de plus près, et l’on voit qu’il ne s’agit pas de l’un des rares concerts de Furtwängler avec cet orchestre, mais d’un concert en tournée du Philharmonique de Berlin. Et en regardant encore de plus près, ce n’est plus Amsterdam mais La Haye…
L’affiche — un tout-Beethoven — n’a rien de rare.
Mais cette soirée du 8 février 1932, et d’autres qui l’entourent, mérite pour que l’on s’y attarde pour une raison bien particulière. Furtwängler et son orchestre sont accompagnés par un observateur exceptionnel, le photographe Erich Salomon — qui devait disparaître en 1944 dans le camp de Theresin —, celui que l’on a nommé « le roi des indiscrets », tant il a réussi à capter, au débotté avec son petit Leica, les hommes politiques et les artistes.
Il était suffisamment proche de Furtwängler pour que ce dernier l’ait autorisé à venir prendre des instantanés pendant son petit-déjeuner à Potsdam ! En tout cas cela nous vaut un unique et remarquable reportage sur Furtwängler et sa tournée de 1932, et notamment sur cette étape à La Haye : un nombre impressionnant de clichés, dont voici un exemple, pris durant la « Sitzprobe ».