Programme du concert de Bayreuth du 29 juillet 1951
Voici enfin la reproduction du programme d'un des concerts les plus mythiques de Furtwängler : l'exécution de la 9e Symphonie de Beethoven à Bayreuth en 1951.
Si le souvenir d'un concert a traversé les âges, c'est bien celui-là ! Il faut dire que s'il n'avait pas été enregistré et surtout diffusé partout dans le monde par un double microsillon après la disparition du chef, il ne resterait qu'un concert parmi d'autres, et la 9e, une parmi d'autres. Pas tout à fait cependant, car cette exécution constituait en soi un événement : elle marquait la réouverture du Festival de Bayreuth après sept ans de fermeture, après sept années marquées de profonds bouleversements : la fin d'une guerre mondiale, la recomposition d'une Europe qui se cherche et qui tâtonne vers une fédération rêvée, la reconstruction d'un pays malgré une division imposée par une puissance étrangère. Sans le savoir d'ailleurs, 1951 marque non seulement la réouverture du Festival, mais tout autant le « Nouveau Bayreuth ». Winifred a dû laisser sa place à ses fils, et Wieland va rapidement imposer un style qui n'aura plus rien de comparable avec le Bayreuth d'antan.
Il y a une certaine ironie de l'histoire qui émane de la lecture de ce programme. Feuilletez-le, et notamment les pages qui abondent en publicités diverses. Soixante-cinq ans après, les marques qu'elles vantent — les automobiles Mercédès, l'ingénierie August Klönne, les moteurs Deutz, les stylos Pélican, la porcelaine Rosenthal, les photos Adox ou Agfa, Pepsodent... — existent toujours. La seule grande entreprise (une pleine page de publicité !) liée à Furtwängler, elle n'existe plus : His Master's Voice...
Enfin on lira avec amusement le français assez cocasse de l'appel aux dons en fin de livret...