LE NOUVEAU DISQUE WFFC2003-HYM DE NOS AMIS DE LA WFCJ

Ce cd contient quatre enregistrements Polydor faits avant-guerre avec la Philharmonie de Berlin, à savoir :

  • La Marche de Rakoczy extraite de La Damnation de Faust de Berlioz
  • L’Ouverture de La Pie Voleuse et du Barbier de Seville de Rossini
  • La Sérénade Petite Musique de Nuit 525 de Mozart

et trois enregistrements d’après-guerre avec la Philharmonie de Vienne, à savoir :

  • L’Ouverture d’Anacréon de Cherubini
  • l’Ouverture des Joyeuses Commères de Windsor de Nicolai
  • et de nouveau la Sérénade Petite Musique de Nuit 525 de Mozart.

Les Interprétations

La Marche de Rakoczy

Certes, les grandes interprétations de cette page célébrissime ne manquent pas mais on ne peut que s’émerveiller de la quasi perfection de cette exécution : tous les pupitres sont impeccables, l’ensemble est souverainement équilibré tout en assurant une inexorable montée de la tension sans jamais en faire une bruyante démonstration de virtuosité orchestrale.

La Pie Voleuse et le Barbier de Séville

On n’attend pas Furtwängler dans Rossini et pourtant ! On n’entend que très rarement une exécution aussi frémissante, aussi rapide (oui, plus rapide que Toscanini, notamment dans l’ouverture du Barbier de Séville !). Même si dans La pie voleuse, il y a une très légère et très brève défaillance des cors et du trombone, l’orchestre est éblouissant de bout en bout et toute la verve de Rossini saute aux oreilles. On ne peut que regretter que Furtwängler n’ait pas dirigé davantage d’ouvertures de Rossini.

La Sérénade Petite Musique de Nuit K. 525 de Mozart

Contrairement au lieu commun qui a associé trop longtemps Furtwängler à une massivité peu compatible avec le frémissement mozartien, cette interprétation, comme celle où il dirige la philharmonie de Vienne (voir ci-dessous) est un modèle de légèreté. Ici, on ne peut que constater la parfaite adéquation des cordes berlinoises avec le vif-argent des premier et quatrième mouvements. Dans le mouvement lent, Furtwängler prend un tempo plus animé lors de la variation suivant l’exposé du thème ainsi que dans le minore qui suit, où le passage d’une ombre un peu inquiétante est rendu à la perfection. La robustesse du Minuetto et la tendresse infiniment délicate de son Trio sont exemplaires.

Anacréon

Il est dommage que cette page, très prisée avant-guerre (Mengelberg et Toscanini l’ont enregistrée) semble aujourd’hui un peu « passée de mode ». Furtwängler, autant et différemment des deux chefs précités, y est à son affaire. Tant dans l’introduction Largo assai que dans le crescendo de l’allegro qui la suit, les Viennois et leur chef « invité permanent » nous font comprendre pourquoi Cherubini suscitait tant d’admiration de ses contemporains, et même de Berlioz, à qui il vouait une solide inimitié depuis que le natif de la côte Saint André avait utilisé un accès réservé aux filles au conservatoire de Paris qu’il dirigeait !

L’Ouverture des Joyeuses Commères de Windsor

Il me semble qu’ici, il s’agit surtout pour l’orchestre de rendre hommage à son fondateur O. Nicolai. Même si la patte de Furtwängler y est immédiatement reconnaissable, c’est avant tout l’impression que les musiciens « chantent dans leur arbre généalogique » qui prédomine.

La Sérénade Petite Musique de Nuit K. 525 de Mozart

Dans l’enregistrement viennois comme avec les Berlinois, Furtwängler déploie des trésors de subtilité et de délicatesse dans cette œuvre tant rabâchée. Tout y est : nervosité, frémissement légèrement inquiet du minore du mouvement lent, envol aérien du trio du Minuetto, ça serait parfait si, contrairement à la version berlinoise, les reprises du mouvement lent étaient présentes. La cause la plus probable de cette absence est que l’enregistrement viennois tient sur quatre faces alors que celui d’avant-guerre en comptait cinq.

Le Son

Apparemment, pour les enregistrements berlinois, nos amis japonais ont utilisé les mêmes excellentes sources que celles qui ont servi à notre album SWF 042-044 contenant l’ensemble des enregistrements berlinois Polydor d’avant-guerre, sauf peut-être pour les ouvertures de Rossini, dont les disques semblent ici plus usés que ceux dont nous nous sommes servis.

Le plus surprenant est le contraste entre la Petite Musique de Nuit berlinoise et les Ouvertures d’Anacréon et des Joyeuses Commères de Windsor qui la suivent : le son y est sensiblement moins clair alors qu’elles ont été enregistrées 16 ans plus tard ! Pour clore ce sujet, bien que la bande originale de la Petite Musique de Nuit viennoise, que j’ai eu la chance de pouvoir écouter, est une merveille de clarté, cet enregistrement sonne mieux dans ce disque que les dites ouvertures alors qu’il leur est antérieur de deux ans. Mystère !

Conclusion 

Si l’intérêt purement musical de ce disque est évident, je ne pense pas que la cohérence éditoriale soit au rendez-vous : pourquoi mettre sur un même disque des enregistrements d’époques différentes avec deux orchestres différents aux images sonores très distinctes, jouant, entre autres,  chacun la Petite Musique de Nuit ?

Bon, ce n’est que l’avis d’un fondu de Furtwängler, après tout !

Daniel Cordova

22 décembre 2020

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