Concert du Gewandhaus du 1er janvier 1926

Le programme de ce concert est — disons le — quelque peu hétéroclite. Deux pages de Beethoven, la Léonore II et l’Eroica encadrent un air de Gluck avec orchestre, la Tragische Geschichte de Reznicek, et des Lieder de Wolf et de Pfitzner (avec Furtwängler au piano).

Au moins a-t-on choisi de Wolf le Zu neuen Jahr qui colle avec la date du concert. Birgit Engell (1882-1973), danoise, a mené une carrière relativement discrète. Si elle est apparue souvent à l’opéra de Copenhague, après-guerre elle s’est surtout illustrée en concert. Et c’était la 4e fois en 4 ans que Furtwängler faisait appel à elle : elle ne devait pas être dénuée de talent !

Pour l’œuvre de Reznicek, nous renvoyons le curieux au programme de Berlin du 3 novembre 1940.

Concert du Gewandhaus du 1er janvier 1923

Cela fait quelques mois que Furtwängler est à la tête du Gewandhaus de Lepzig, à l’époque plus prestigieux encore que le Philharmonique de Berlin, pouvant se glorifier d’un illustre passé remontant à 100 ans de plus que son rival prussien.
L’intérêt de ce programme est évidemment la participation d’Alexandre Kipnis, l’une des basses les plus célèbres de son temps. Sans doute aussi — et en ce sens un précurseur de Fischer-Dieskau — le plus éclectique en terme de répertoire. Aussi à l’aise dans Parsifal (Gurnemanz) que dans Boris Godounov, dans La Flûte enchantée (Zarastro) que dans Pelléas et Mélisande (Golaud).
Il intervient ici comme interprète de Lieder et est accompagné par Furtwängler au piano. On est juste étonné que — venant après la 101e Symphonie de Haydn — l’air de concert du même compositeur, Die Teilung der Erde, n’ait pas été donné dans sa version orchestre.

On est le 1er janvier. De quoi bien commencer l’année ? Pas sûr. Regardez, en haut à droite, le prix de ce petit quatre pages qui ne paie pas de mine : 50 Deutsche Marks ! On n’est qu’au début de cette terrible période d’inflation qui verra bientôt le pain affiché à 3 milliards de DM….

Concert du Gewandhaus du 13 octobre 1927

Furtwängler entame sa dernière année à Leipzig. Il a programmé  une gloire du chant : la soprano Elisabeth Rethberg. Il l’a accompagnée pour la première fois quelques mois auparavant, dans le Deutsches Requiem de Brahms à New York.

Ah! Perfido de Beethoven revient plusieurs fois sous la baguette de Furtwängler à cette époque, ainsi que les Lieder avec orchestre de Richard Strauss. En revanche, c’est la seconde (et dernière) fois qu’il inscrit une œuvre d’Ewald Straesser (1867-1933) au programme, en l’occurrence la 6e et dernière Symphonie de ce compositeur quelque peu oublié. Il avait dirigé la Seconde trois ans plus tôt.

Programme du concert de la Staatskapelle de Berlin du 2 avril 1920

Cet unique recto annonce « Concert exceptionnel ». Sans doute non prévu dans la saison, il est exceptionnel pour une raison encore plus significative au regard de l’histoire : c’est la première apparition de Furtwängler comme chef des concerts de l’Orchestre de l’Opéra national de Berlin. Premier d’une série qui va s’étaler sur deux ans, jusqu’à sa prise de fonction à l’Orchestre Philharmonique.

Programme du concert de Bayreuth du 29 juillet 1951

Voici enfin la reproduction du programme d’un des concerts les plus mythiques de Furtwängler : l’exécution de la 9e Symphonie de Beethoven à Bayreuth en 1951.

Si le souvenir d’un concert a traversé les âges, c’est bien celui-là ! Il faut dire que s’il n’avait pas été enregistré et surtout diffusé partout dans le monde par un double microsillon après la disparition du chef, il ne resterait qu’un concert parmi d’autres, et la 9e, une parmi d’autres. Pas tout à fait cependant, car cette exécution constituait en soi un événement : elle marquait la réouverture du Festival de Bayreuth après sept ans de fermeture, après sept années marquées de profonds bouleversements : la fin d’une guerre mondiale, la recomposition d’une Europe qui se cherche et qui tâtonne vers une fédération rêvée, la reconstruction d’un pays malgré une division imposée par une puissance étrangère. Sans le savoir d’ailleurs, 1951 marque non seulement la réouverture du Festival, mais tout autant le « Nouveau Bayreuth ». Winifred a dû laisser sa place à ses fils, et Wieland va rapidement imposer un style qui n’aura plus rien de comparable avec le Bayreuth d’antan.

Il y a une certaine ironie de l’histoire qui émane de la lecture de ce programme. Feuilletez-le, et notamment les pages qui abondent en publicités diverses. Soixante-cinq ans après, les marques qu’elles vantent — les automobiles Mercédès, l’ingénierie August Klönne, les moteurs Deutz, les stylos Pélican, la porcelaine Rosenthal, les photos Adox ou Agfa, Pepsodent… — existent toujours. La seule grande entreprise (une pleine page de publicité !) liée à Furtwängler, elle n’existe plus : His Master’s Voice…

Enfin on lira avec amusement le français assez cocasse de l’appel aux dons en fin de livret…

Concert du Philharmonia du 22 février 1951

Le Philharmonia, fondé en 1945, avait pour fonction principale de réaliser des enregistrements phonographiques, mais donnait aussi de nombreux concerts. Son fondateur Walter Legge n’a eu de cesse de faire venir des chefs prestigieux : Beecham, qui a dirigé le tout premier concert, Richard Strauss en 1947, Klemperer (deux concerts dès 1948 pour The New Era Concert Society), Karajan (un concert en 1948), Cantelli (vingt-huit concerts entre 1951 et 1956), et Toscanini avec deux concerts Brahms demeurés célèbres. Ce n’est qu’à partir de 1952 et 1954 respectivement que Karajan et Klemperer dirigeront régulièrement l’orchestre.

Le plus souvent, les enregistrements étaient programmés en tant que tels comme le tout premier avec Furtwängler (Götterdämmerung, Scène finale, le 26 mars 1948).

Avant 1950, Furtwängler se produisait à Londres avec le London Philharmonic, les Wiener Philharmoniker et les Berliner. À partir de 1950, année charnière, ses concerts londoniens sont quasiment tous donnés avec le Philharmonia.

Les trois concerts programmés en 1950 comportent en mai la création mondiale des Vier letzte Lieder de Strauss avec Kirsten Flagstad, et le 11 décembre, avec Dinu Lipatti, le Concerto de Schumann, remplacé par deux courtes œuvres suite au décès du pianiste. En 1951, les trois concerts sont également avec solistes : Edwin Fischer en février (le facsimilé) — le seul concert de Furtwängler couplé avec un enregistrement —, le 1er Acte de Die Walküre en mars et le 4e Concerto de Beethoven avec Myra Hess en octobre. En 1952, il y a un seul concert, en avril, avec Flagstad dans les Wesendonck Lieder et la Scène Finale de Götterdämmarung). En 1953 et 1954 : un seul concert à Londres, consacré à Beethoven. La maladie de Furtwängler et la programmation tardive d’enregistrements à Vienne entraînent l’annulation d’un deuxième concert en mars 1954 et de l’enregistrement des Kindertotenlieder de Mahler avec Dietrich Fischer-Dieskau.

Suite à des problèmes internes au Festival de Lucerne, le Philharmonia se substitue en 1954 à l’Orchestre du Festival, avec la célébrissime 9e de Beethoven (donnée trois fois si l’on compte la genérale, in fine ouverte au public) et enfin sa toute dernière apparition avec l’orchestre le 25 août : la 88e de Haydn et la 7e de Bruckner.

 

PhJ

Programme du concert de Berlin du 24 octobre 1948

24 octobre 1948 : cela fait deux jours qu’une résolution a été déposée par les «occidentaux» devant l’ONU pour obtenir la levée du «blocus de Berlin». Les Soviétiques opposent leur véto : ce blocus, qu’ils ont institué le 24 juin, veut obliger les autres forces occupantes à accepter les vues de la Russie sur la totalité de la ville en matière de souveraineté et de monnaie. Les Berlinois — que l’opinion internationale aurait volontiers qualifiés d’anciens nazis voilà peu — deviennent aux yeux du monde entier des victimes de l’oppression stalinienne. Mais les occidentaux ne se sentent pas d’un affrontement armé ; ils décident de permettre à plus de deux millions de personnes tout simplement de survivre, en mettant au point un gigantesque pont aérien : les bombardiers américains et anglais (les avions français sont en Indochine) se succèdent minute après minute pour un ravitaillement en nourriture, charbon, essence et médicaments, qui va s’étaler jusqu’à la fin du blocus, que les Russes sont bien obligés de déclarer en mai 1949.

C’est dans ce contexte que Furtwängler dirige son premier concert berlinois de la saison. Courte saison : si Furtwängler est redevenu l’âme de l’orchestre, il n’en est pas le titulaire — c’est Celibidache —, et sa série ne comporte que quelques prestations à Berlin, mais couronnées par une tournée allemande au printemps 1949.

Le programme lui-même est typique du répertoire de Furtwängler. Les trois trompettistes du Philharmonique sont cités pour la Suite de Bach : Karl Rucht, qui se retira peu de temps après pour entamer une carrière de chef d’orchestre, Herbert Rotzoll, second trompette depuis 1929, et Karl Pfeifer, le benjamin, entré à l’orchestre en 1946.

Le concert est enregistré et a fait l’objet de disques. Notons la très mauvaise qualité du papier de ce programme. Blocus oblige.

 

Programme du concert de Vienne du 24 octobre 1943

C’est toujours intéressant d’avoir entre les mains le programme d’une « première ». Une première, la Sixième Symphonie de Bruckner ? Oh, certes, Furtwängler n’a pas créé cette page, mais c’était une première pour lui. Assez étonnant, car, à défaut de diriger toutes les symphonies — il ignore les deux premières —, il a depuis longtemps à son répertoire les nos 3 à 9, à l’exception de cette 6e justement. Et à la publiciste Karla Höcker, il fera cette confidence, les yeux émerveillés : « N’est-ce pas magnifique de faire une telle expérience à 57 ans ! ». C’était à Berlin, où il dirigeait cette œuvre quelques jours après Vienne. Cela nous vaudra un enregistrement, malheureusement amputé du premier mouvement.

L’autre partie du concert est consacrée au Crépuscule des Dieux, avec la Musique funèbre, et la Scène finale, « L’Immolation de Brünhilde », chantée ici par l’une des sœurs Konetzni, Anny, spécialiste de la guerrière Walkyrie quand sa sœur, Hilde, incarnait la plus douce Sieglinde.

Anny Konetzni

Mais plus rare, l’une des pages (p. 2) du fascicule est consacrée à l’enregistrement d’un disque par Furtwängler. Et le rédacteur n’est pas peu fier de faire partager à ses lecteurs mélomanes la grande nouvelle : le chef et son orchestre, après plus de vingt ans de « vie commune », vont enfin réaliser leur premier enregistrement ensemble ! Les Variations Haydn de Brahms. Avec la Pastorale, ce sont les deux seules gravures en commun de cette époque, une époque tellement troublée que les disques correspondants ne paraîtront que bien plus tard.

L’énoncé même du programme figure sur un recto verso, avec la liste des musiciens, qui était glissé dans le fascicule. Nous l’avons reproduit au début.

Enfin, et parallèlement à ce programme, un reportage photo nous vaut d’excellentes vues du chef à l’œuvre, mais aussi des portraits bien connus : le visage, quelque peu fatigué et amaigri de Furtwängler a orné des rééditions « Héliodor » des années 60.

Merci à Philippe Jacquard pour le scan du programme.

Concert du 6 décembre 1941 : Le Requiem de Mozart

La commémoration des cent-cinquante ans de la disparition de Mozart, fin novembre–début décembre 1941, fait l’objet, en Allemagne, d’un nombre très élevé de manifestations diverses, qui vont prendre une dimension particulière à Vienne, ville de Mozart par excellence, où une série de concerts et de représentations d’opéras vont s’étaler sur une semaine.

Le Staatsoper, le Philharmonique, le Symphonique, des solistes, mais aussi des groupes de musique de chambre et jusqu’à des ensembles « sur instruments d’époque », sont mobilisés pour faire de cet événement quelque chose d’unique. Les grands musiciens se succèdent au pupitre, à l’archet, au clavier, ou sur scène : Richard Strauss, Hans Knappertsbusch, Karl Böhm, Clemens Krauss, Edwin Fischer, Wilhelm Backhaus, Georg Kulenkampff, toute la troupe de l’opéra, mais aussi celles d’autres théâtres allemands, notamment de Munich, venues prêter main forte… Des personnalités musicales y ont été invitées, arrivant de toute l’Europe, avec le dessein, avoué ou non, qu’elles rendent compte de ces productions dans leurs pays respectifs, alliés ou occupés.

Et Furtwängler ? Il n’apparait qu’une seule fois à l’affiche, mais pour un moment hautement symbolique et particulièrement en vue : le concert de clôture, le jour anniversaire de la disparition de Mozart. Le 5 décembre, à 17 heures, il dirige le Requiem au Musikverein, où, derrière le Philharmonique, ont été rassemblées les forces chorales de la Société des Amis de la Musique (le Singverein) et du Staatsoper, soit près de 350 voix ! Quant aux solistes, ils comptent parmi ce qu’il y a de mieux à l’époque. Notons juste que l’avant-programme annonçait Erna Berger pour la partie de soprano et Peter Anders pour celle de ténor.

Bien entendu la salle est pleine, et le sera aussi le lendemain lors de la reprise du concert — notre programme est celui de concert du 6. Le concert du 5 fut retransmis : des micros en attestent, visibles sur la série de photos prises par Hanns Tschira. Malheureusement, aucun gravure ne subsiste de cette retransmission.

Requiem Mozart 5 12 41

Outre la signature autorisée du texte de présentation, celle du professeur Franz Kosch, l’un des tout premiers spécialistes de la musique liturgique en Autriche, on retiendra la mention figurant au bas du programme, déjà inscrite (un peu différemment) sur les avant-programmes :

Le public est prié de s’abstenir de tout applaudissement à la fin du Requiem.
L’assemblée se lèvera et demeurera ainsi une minute dans un respectueux silence à la mémoire de Mozart.

Furtwängler pas applaudi… c’est bien la première fois.

Programme du concert de Berlin du 12 janvier 1941

Ce programme fait partie d’une série, acquise par la SWF, de huit fascicules intéressant les saisons 1940/41 à 1942/43 de la Philharmonie de Berlin. Quelques précisions avant d’ouvrir chacun d’eux. On est en période de guerre et donc de restrictions, mais on reste étonné de la qualité des documents : couverture cartonnée, impression deux couleurs en couverture, présence d’au moins une photographie, analyse des œuvres… Et aucune référence au régime en place : on se croirait dans une monde sans croix gammée… Enfin, certains programmes comportent une rubrique « nouvelles des Philharmoniker », ou des annonces de programmes, qui nous permettent de suivre la vie de cet orchestre. On notera que le concert est donné trois fois, ce qui totalise plus de cinq mille auditeurs !


PROGRAMME DU CONCERT ET BULLETIN DES PHILHARMONIKER (« PHILHARMONISCHE BLÄTTER »)

Si deux interprètes de la musique furent proches et restent associés dans les mémoires, ce sont bien Edwin Fischer et Wilhelm Furtwängler. Fischer, suisse, du même âge que Furtwängler — quelques mois de moins — était, l’on peut dire, l’alter ego au clavier du chef : même façon de penser la musique et donc de la jouer. Leur collaboration s’étend sur plus d’une trentaine d’années, depuis le premier concert en 1918 à Mannheim jusqu’à leur ultime collaboration, en 1953 au Festival de Lucerne.

Ensemble, ils auront interprété les grandes pages du répertoire : Bach, Beethoven, Mozart, Brahms. Et c’est à Fischer que Furtwängler confie la création puis la promotion de son propre Concerto symphonique : de nombreux concerts et l’enregistrement sur disque du mouvement lent. Avec L’Empereur de Beethoven, ce sont les seuls disques gravés en commun, deux autres précieux témoignages provenant des enregistrements radio du 2e Concerto de Brahms et du Concerto de Furtwängler, cette fois-ci l’intégrale et le seul enregistrement de la version avant révision. Fischer fut l’un des successeurs de Furtwängler à la tête de la Société des Amis de la Musique de Lübeck, et le concert du 25 mars 1928 est le signe de l’attachement des deux musiciens à cette institution et de leur parfaite intelligence : la première partie est dirigée par Fischer, la seconde par Furtwängler avec le pianiste qui a échangé la baguette contre le clavier du Premier Concerto de Brahms…

Edwin Fischer

Le concert de janvier 1941 aurait pu s’intituler le concert des « moins souvent », qui réunit dans le même programme trois œuvres que Furtwängler a certes inscrites à plusieurs reprises à ses concerts, mais… moins souvent que des pages similaires. Ainsi la Première Symphonie de Schumann, qui revient moins fréquemment que la Quatrième (Deuxième et Troisième étant fort rares…), ainsi de Mort et Transfiguration de Strauss, qui pouvait envier le sort réservé à Till Eulenspiegel ou Don Juan, et enfin de même pour le Premier Concerto de Brahms, moins sollicité que son cadet.

On notera la très intéressante photo de Furtwängler dirigeant les seules cordes des Philharmoniker, peut-être lors de la création de Praeludium und Toccata de Heinz Schubert en 1939.


Dans le programme, son possesseur, sans doute un abonné, avait glissé un bulletin des Philharmoniker [pdf du document], du même format, — l’un des dix-huit « Philharmonische Blätter » de la saison 1940-1941. Intéressante lecture, dont se dégage, notamment, un important article de Peter Wackernagel sur Sibelius. Rappelant l’exécution, par Furtwängler, de la 2e Symphonie en janvier 1940, il célèbre les 75 ans du maître. Il faut dire que ces dithyrambes sur le composietur, que l’on retrouve dans d’autres programmes de l’époque, obéissent à une volonté politique de « se mettre bien » avec les Finlandais dans la lutte que les nazis vont déclencher contre les bolchéviques. Quelques mois auparavant, rien n’aurait laissé deviner que l’on irait jusqu’à créer une « Sibelius Gesellschaft » en Allemagne.

Furtwängler avait programmé un ouvrage de Sibelius — « Poème symphonique » indique seulement le placard de la page 4 de ces feuillets — pour le concert philharmonique du 24 mars 1941, qui affichait également la « création » d’un Concerto pour trompette, concerto composé par Hans Ahlgrimm, avec en soliste le chef de pupitre de l’orchestre, le suisse Paul Spörri. Ahlgrimm gagnait sa vie comme instrumentiste dans les premiers violons du Philharmonique de Berlin, mais s’était également fait un nom comme compositeur. Il se serait agi de la première exécution dans le cadre des « concerts philharmoniques », mais non de la première audition à proprement parler, car la page avait été créée par le même orchestre, sous la baguette du compositeur et avec le trompettiste Hans Bode, le 30 novembre 1939, dans le cadre d’une série de concerts organisés par l’Académie prussienne des arts.

Le concert annoncé pour le 24 mars ne fut pas dirigé par Furtwängler : comme l’on sait, un très grave accident de ski survenu fin février l’immobilisa pour de longs mois. C’est Clemens Krauss qui monta au pupitre pour un programme presque identique : Tapiola de Sibelius, le Concerto d’Ahlgrimm, Ouverture et Bacchanale de Tannhäuser, l’Inachevée de Schubert et Léonore III de Beethoven.